Motards : signes respectifs à se faire en croisant. Pourquoi ?

En France, le signe en V de la main gauche reste parfois ignoré lorsqu’il pleut ou sur certaines routes limitées à 30 km/h. Certains motards expérimentés évitent tout salut lors d’événements motards rassemblant des centaines de participants, invoquant le risque de confusion ou d’inattention.

Le code gestuel, loin d’être universel, varie d’une région à l’autre et selon les générations. À l’étranger, un même geste peut provoquer l’incompréhension ou être interprété autrement. Derrière ces variations, des raisons historiques, culturelles et sécuritaires expliquent la persistance de ces signes distinctifs sur la route.

Les signes entre motards : une tradition qui traverse les générations

Sur l’asphalte, un signe rapide du guidon, un hochement discret du casque, et tout est dit : les motards savent se reconnaître, presque sans un mot. Loin d’un simple automatisme, leur langage gestuel est un vrai rituel, forgé par l’expérience et l’histoire de la moto. Le salut de la main gauche, classique, ou le pied tendu quand l’accélérateur ne laisse pas de répit : chaque geste a sa place dans la grande fresque de la fraternité motarde. Ce n’est pas qu’une marque de courtoisie ; c’est un clin d’œil à la communauté, la preuve d’un lien qui dépasse le hasard des rencontres.

Les plus jeunes, casque intégral bien serré, reprennent ces codes sans même y penser. Les clubs, les rassemblements, tout ce qui fait vibrer le monde des deux-roues, entretient ces traditions. Les signes motards, eux, traversent les décennies sans jamais perdre leur force. À chaque croisement, ce n’est pas juste un salut, c’est une façon d’affirmer sa vision de la route, du risque et du partage.

Voici les principaux signes que l’on croise au fil des kilomètres :

  • Signe V de la main gauche : le geste phare, véritable emblème du motard en virée.
  • Inclinaison du casque : plus discret, souvent utilisé en ville ou sur un trajet court.
  • Pied tendu : un signe de gratitude lors d’un dépassement, très courant sur autoroute ou quand on roule à deux.

Si la salutation motarde n’a pas de frontière, chaque coin de France, chaque groupe, apporte sa petite touche. Sur les départementales, certains y ajoutent un clin d’œil ou un sourire derrière la visière. Ces gestes, au-delà de la simple politesse, marquent l’appartenance à une tribu, fière de ses codes et attentive à chacun de ses membres, du sud au nord, du bitume urbain aux routes de campagne.

Pourquoi le fameux signe V est bien plus qu’un simple salut

Sur la route, le signe V des motards ne relève pas d’une fantaisie. Deux doigts levés, paume tournée vers l’extérieur : le message passe, limpide, de guidon en guidon, sur toutes les routes. Mais d’où vient ce geste qui fédère toute une communauté ? Sa popularisation remonte aux années 1970, grâce à Barry Sheene, champion britannique qui saluait ainsi ses adversaires et ses fans. D’autres y voient un clin d’œil à la victoire de Churchill, ou l’écho de l’esprit “peace and love” des seventies. Quoi qu’il en soit, derrière ce V, il y a la victoire, le respect, le sentiment d’appartenance.

Lever la main gauche, jamais la droite, question de sécurité évidente, c’est dire à celui qu’on croise : tu fais partie de la famille. Ce code traverse les styles et les époques, du roadster au custom, du vintage à la sportive. Il n’a rien perdu de sa saveur.

Pour comprendre ses origines, quelques figures et repères marquants s’imposent :

  • Barry Sheene : figure du circuit, précurseur du V motard.
  • Victoire de Churchill : inspiration emblématique de ce signe.
  • Peace and love : héritage d’une période marquée par la quête de liberté.

Le signe V dépasse la simple parade. Il s’impose partout, quelle que soit la météo ou la route. Ce geste, aussi sobre que puissant, rappelle la solidarité motarde, la vigilance, le respect d’une culture commune. Un signe qui en dit long, sans un mot.

Gestes, clins d’œil et signaux : comment les motards communiquent sur la route

Sur la route, la gestuelle motarde est une véritable langue. Pas de longs discours, mais une série de codes précis, capables de transmettre l’essentiel en un clin d’œil. Un bras tendu, un mouvement bref, et l’alerte est donnée : nid-de-poule, animal sur la chaussée, freinage imprévu. Les adeptes du guidon savent que ces signaux peuvent tout changer, d’une simple balade à un trajet plus mouvementé.

Le clin d’œil, parfois visible à travers la visière, prolonge le salut. Il exprime une connivence silencieuse, une complicité qui se passe des mots. Sur la route, les plus aguerris échangent ainsi des messages rapides, souvent plus efficaces qu’un intercom sophistiqué.

Certains signaux sont devenus incontournables, à commencer par l’appel de phare. Ce flash bref avertit d’un contrôle de police ou d’un radar. Il dépasse même la sphère motarde : automobilistes et routiers l’utilisent, installant un esprit d’entraide sur le réseau routier. Les motards, en retour, répondent parfois d’un signe de la main, signe de gratitude discret mais bien compris.

Voici quelques gestes et signaux devenus incontournables sur la route :

  • Bras tendu vers le bas : pour prévenir d’un ralentissement ou d’un danger immédiat.
  • Index pointé vers le casque : alerte sur la présence d’un radar ou d’un contrôle.
  • Appel de phare : avertissement partagé, reconnu par tous.

Ce ballet de gestes, de regards et de signaux façonne une solidarité unique. Pour les passionnés de moto, cette communication non verbale devient vite une seconde nature, un art subtil que seuls comprennent ceux qui partagent le bitume.

Femme motarde faisant un geste dans une rue urbaine

Partage, sécurité et appartenance : ce que ces codes disent de la culture motarde

La route rassemble. Chez les motards, le partage va bien au-delà du simple salut ou d’un signe du casque. Il s’agit d’une solidarité profonde, presque palpable, qui se renforce à chaque kilomètre parcouru. Un geste en apparence anodin tisse une toile invisible entre les pilotes, rappelant qu’en deux-roues, personne n’est vraiment isolé.

La sécurité routière s’invite naturellement dans cette culture. Signaler un contrôle de police, prévenir d’un accident ou d’un danger, c’est anticiper pour protéger le groupe. Ces réflexes sont ancrés dans la réalité : les statistiques françaises rappellent chaque année la vulnérabilité des jeunes motards. Sur la route, ceux qui roulent en première ligne ou croisent un incident deviennent souvent les premiers à secourir, à prévenir, à faire preuve de fraternité au-delà de la camaraderie.

Dans les clubs, les associations, lors des grands rassemblements, cet esprit d’appartenance s’affirme avec force. Les groupes arborent fièrement leurs couleurs, perpétuent ces codes et veillent à leur transmission. Anciens ou nouveaux venus, tous jouent leur rôle de gardien de ce langage unique. Ici, la passion de la mécanique s’efface parfois devant l’art de rouler ensemble, d’avancer en meute, sans jamais laisser personne sur le bas-côté.

Sur la route, au détour d’un virage ou d’un salut furtif, c’est tout un pan de culture et de solidarité qui s’exprime sans bruit. Rouler à moto, c’est s’inscrire dans cette lignée, où un simple geste peut transformer la solitude en fraternité.

Ne ratez rien de l'actu