1 200 vies fauchées sur les routes françaises en six mois, c’est le genre de statistique qui ne s’oublie pas et qui force à regarder en face la mécanique complexe de la sécurité routière hexagonale.
Le pilotage de la sécurité routière ne se limite pas à l’État. Un réseau dense d’acteurs publics, de collectivités locales et d’associations s’active pour organiser contrôles, campagnes d’information et application des règles. Chacun possède son terrain, ses missions, sa façon d’agir. Distinguer ces responsabilités, c’est lever le voile sur les rouages d’un dispositif éclaté, mais indispensable à la prévention.
Panorama de la sécurité routière en France : comprendre les enjeux et les chiffres clés
Le réseau routier français approche du million de kilomètres. Routes communales, départementales, nationales et autoroutes : chacune renvoie à un gestionnaire précis. Les communes pilotent la gestion au quotidien de leurs voies. Les départements ont la main sur plus de 370 000 kilomètres de routes, assurant le lien entre territoires.
L’État, quant à lui, assure la gestion des routes nationales et des autoroutes non concédées, axes majeurs pour les grands déplacements et le transport de marchandises. Les autoroutes concédées restent propriété de l’État mais leur exploitation (entretien, sécurité, péages) revient à des sociétés concessionnaires.
Pour résumer l’organisation, voici les grandes catégories de voies et qui s’en charge :
- Voies communales : communes
- Routes départementales : départements
- Routes nationales et autoroutes non concédées : État
- Autoroutes concédées : État, exploitation assurée par des sociétés concessionnaires
Ce partage des compétences permet d’affiner la gestion de la prévention routière selon les besoins locaux. Cette pluralité d’intervenants renforce la lutte contre les accidents et la réactivité lors d’intempéries ou d’urgence. Ce système, aussi fragmenté soit-il, vise à limiter l’accidentologie routière et à faire progresser durablement la sécurité sur les routes.
Quels sont les principaux organismes responsables de la sécurité routière ?
Derrière le terme générique de sécurité routière opère une mosaïque d’organismes publics, d’associations, d’instituts de recherche et aussi de partenaires privés. En première ligne, la délégation à la sécurité routière, rattachée au ministère de l’Intérieur, élabore la stratégie à l’échelle nationale et coordonne les actions. Le Comité interministériel de la sécurité routière rassemble les ministères concernés pour décider des grandes orientations.
Sur le terrain, les services routiers de l’État (les Directions interdépartementales des routes par exemple) assurent l’entretien et la surveillance des axes gérés directement par l’État. Le CETU se focalise sur la gestion technique des tunnels routiers. Les conseils municipaux et départementaux orchestrent les interventions sur les routes communales et départementales.
Côté recherche, plusieurs instituts interviennent : le CEREMA mène des travaux sur la sécurité des infrastructures, IFSTTAR cible les innovations pour le transport, et l’INRETS s’attaque à la compréhension des accidents et à l’aide technologique à la conduite. Des organismes privés, comme le LAB (lié à PSA Peugeot-Citroën et Renault) ou le CEESAR, se spécialisent dans les analyses accidentologiques et la biomécanique.
Pour informer et anticiper, des associations telles que l’Association Prévention Routière conduisent des initiatives de prévention, tandis que Bison Futé s’impose comme référence pour les alertes trafic. Les assureurs participent aussi à travers des actions de sensibilisation ou de financement de programmes. Enfin, Pôle emploi se mobilise pour former les demandeurs d’emploi à la sécurité sur la route. Ensemble, ces structures dynamisent la prévention et font avancer la cause sécuritaire partout sur le territoire.
Zoom sur leurs missions : prévention, contrôle et innovation au service des usagers
Les organismes responsables de la sécurité routière en France s’activent sur trois volets majeurs. D’abord la prévention, domaine dans lequel l’Association Prévention Routière intervient largement à travers des campagnes et des actions de formation. Les assureurs montent aussi au front, en finançant diverses opérations. Pôle emploi contribue avec la formation Mobicare et des journées thématiques pour la sécurité au travail.
Le second volet touche au contrôle. La délégation à la sécurité routière orchestre la réglementation et sa bonne application, tandis que Bison Futé tient un rôle clé dans la diffusion d’informations, notamment lors des pics de circulation. L’objectif : prévoir, fluidifier, sécuriser.
L’innovation, enfin, trouve sa place avec des organismes comme le CEREMA, IFSTTAR ou l’INRETS. Chacun aborde la sécurité sous un angle spécifique, de la recherche sur les infrastructures à l’analyse précise des comportements et des scénarios d’accidents. Le LAB et le CEESAR y ajoutent une expertise sur la sécurité passive et la biomécanique, faisant évoluer les pratiques et la prévention.
Pour mieux situer ces champs d’action, on peut regrouper ainsi les missions principales :
- Prévention : sensibilisation du public, formations, campagnes de communication
- Contrôle : création et application de règles, suivi régulier du réseau routier
- Innovation : recherches, analyses scientifiques des accidents, développement de nouveaux outils
Le Comité des usagers du réseau routier national intervient aussi, en émettant des recommandations sur la qualité du service ou sur les politiques tarifaires, afin que la voix des usagers reste présente dans les ajustements du réseau.
Comment chacun peut contribuer à une route plus sûre au quotidien ?
La sécurité routière ne s’incarne pas qu’au sommet : chaque conducteur a sa part. L’apprentissage débute tôt, dès la primaire avec l’Attestation de Première Éducation à la Route (APER), qui balise la fin du cycle 3. Suit l’ASSR1 en 5e puis l’ASSR2 en 3e, deux étapes nécessaires pour décrocher le permis AM (cyclomoteur). Pour ceux qui sortent du parcours classique, l’ASR prend le relais. Les candidats avec un handicap visuel sont concernés par l’AER.
Le vélo n’est pas oublié : le programme Savoir Rouler à Vélo, destiné aux 6-11 ans, vise à les rendre autonomes sur la route, tout en complétant les bases de l’APER. Ces dispositifs font de l’éducation routière une composante citoyenne, du plus jeune âge jusqu’au permis de conduire.
Pour les adultes, la vigilance se travaille tout au long de la vie. Formations continues, séances de prévention en entreprise, actions collectives… La sécurité implique bien plus que le respect du code : elle exige anticipation, adaptation et attention envers les autres. Sur la route, la somme des gestes individuels forge le climat collectif.
Un jour peut-être, chaque trajet deviendra une preuve tangible de solidarité et de vigilance. Chacun détient sa part de responsabilité : qui sera prêt, demain, à changer sa façon d’agir derrière le volant ou le guidon ?


